Le respect de soi, c’est cool ça ! Mais comment peut-il diminuer ?
Ok, les autres y contribuent. Et toi, tu les laisses faire. Comment ?
En acceptant l’inacceptable, en pardonnant l’impardonnable, en faisant grandir ta patience, ta tolérance, ton seuil de résistance, ton don de la compromission, et non du compromis…
Ok, tu peux endurer, comprendre, admettre… en échange de la promesse que ça va changer, que c’est la dernière fois, qu’on va voir un médecin ou un médiateur, qu’on va prendre un peu de distance.
L’autre, il te te veut toi, et le droit d’agir à sa guise. Et ça, tu le lui accordes, à chaque fois, à chaque fois un peu plus, un peu plus loin. Tu lui accordes du terrain, en lui cédant celui de ton propre respect. Du coup, tu lui montres que ce terrain est négociable, achetable, ou à louer.
« Je ne veux pas te perdre. J’irai me faire soigner. Et du coup, je ne te perds pas, sans même avoir besoin de consulter. J’ai agrandi mon territoire, presque sans combat contre moi-même. L’autre est prêt à tout céder, tant ses peurs semblent plus grandes que les miennes… S’il savait pourtant le gouffre insondable que je longe chaque fois, et que je comble avec ce qu’il me donne de pardon, d’amour, de compréhension et de lassitude ! »
« Je ne veux pas me battre, générer de conflits ou envenimer une situation. Il m’est plus facile de céder, de faire des concessions. Définition de la concession : terrain à vendre… Ok, je vends tout, pour esquiver la difficulté, quitte à ne plus rien avoir en propre. Quitte à me détester chaque jour un peu plus, quitte à me salir, quitte à faire face à ma honte et mon dégoût de moi-même. Un jour peut-être, il ira trop loin. Un jour, peut-être, ma rancoeur sera assez forte pour que je parte. Je pose une limite. Que je modifie sans cesse. Je change ma clôture, encore. Parce que je vois que je peux encore encaisser, supporter. Mais là, c’est la dernière fois. S’il me crie encore dessus, j’arrête tout. S’il se montre injuste et injurieux, je me casse. S’il me frappe, ce sera fini. S’il s’en prend à mes enfants, ce sera la fin. Si je m’aimais, je n’en serais pas là. »
Non, mais tout va bien maintenant, on a discuté… Et qui a obtenu la victoire ? Comment se sont répartis les terrains ? Qui a respecté qui ? Qui a « concédé » de façon durable et saine ?
« Comprends-moi, je vais mal en ce moment. Promis, je vais voir un spécialiste. »
« Non, mais c’est entendu, il a compris et il prend sur lui. »
PREND SUR LUI ??? C’est quoi cette arnaque ? Où est le respect du naturel, de la nature, là-dedans ? Est-ce une contrainte si énorme, d’arrêter les conneries ? »
Et l’autre, ne prend-il pas aussi sur lui ? Pour continuer à maintenir un status quo qui évite d’agir, de se voir en face, dans la honte et la soumission, la passivité et la résignation ?
Prendre sur soi est parfois contre nature, non ? Pourquoi prendre ce qui ne nous appartient pas ? Pourquoi prendre davantage que ce qui est permis, ou qui ne va pas dans le sens de l’amour de soi ? C’est fini, la mode du sacrificiel. Inutile de te planquer sous cette fausse bonne excuse.
Ecoute les autres, ceux qui t’entourent encore (parce que ça ne durera pas), qui t’aiment justement parce qu’ils n’attendent rien de toi. Qui t’aiment pour ce que tu es encore un peu alors que tu te trahis toi-même. Ils sont la voix de ton honneur, de ton amour, de ton respect. Ils sont les miroirs que tu voudrais justement éviter… Pourquoi fuis-tu leur regard ?
Tu ne peux rien sur l’autre. Tu n’as de pouvoir que sur toi, tant que tout ne t’a pas été enlevé, parcelle par parcelle, concession par concession.
As-tu identifié l’autre, dans ton cas ? Une personne, une situation, un trauma ? A quoi es-tu addict à ce point ?
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